Allocution du Président de la République, en date du 11
mai 1999, à l’occasion du 1er Conseil des Ministres
Le 09 avril 1999, en adhérant à mes propositions et en votant
en faveur de ma candidature à la fonction suprême de chef de
l’État, nos concitoyens m’ont fait l’insigne honneur
de m’accorder leur confiance et m’ont mandaté pour mobiliser
toutes les
énergies et les moyens nécessaires à notre pays pour
reconquérir l’avenir.
Qu’il s’agisse du domaine de la politique économique
et sociale, de l’avenir de notre jeunesse, de la vie au quotidien,
du bon fonctionnement de nos institutions et de notre démocratie,
les djiboutiens attendent de ma part que je sauvegarde notre modèle
social, renforce notre choix de vie adapté aux nécessités
de notre temps.
Pour honorer une telle confiance entre la Nation et ma personne en qualité
de Président de la République, j’ai voulu constituer
une équipe gouvernementale, laboratoire d’idées et d’action,
qui regroupe des hommes et des femmes militants du progrès, praticiens
de la pensée et de l’innovation et capable de m’aider,
en dépassant les structures rigides et les intolérances factices,
pour réaliser les ambitions que j'ai formulées pour notre
Nation afin qu’elle puisse épouser son temps.
Le Gouvernement que j’ai formé et dont vous faites parti, Madame
et Messieurs, et qui bénéficie, par délégation,
de cette confiance nationale, doit faire preuve d’efficacité
et de rigueur, d’autant plus grandes que les aspirations auxquelles
je dois répondre sont plus fortes.
Par conséquent, j’exige de chacun des membres du Gouvernement
de consacrer chaque instant de la confiance que je lui accorde, aujourd’hui,
à sa tâche Ministérielle et aux attentes et aux préoccupations
de nos concitoyens.
Aussi, j’exige de chacun de vous, d’adopter tant dans l’exercice
qu’en dehors de vos responsabilités et dans vos relations avec
les citoyens, le comportement de dignité que nos concitoyens exigent
des hommes et des femmes qui ont en charge les affaires
publiques.
Ce comportement doit être irréprochable sur le plan de la rigueur
morale et civique.
Il doit allier lucidité et générosité, sens
de l’intérêt général et prise de conscience
des responsabilités qui vous incombent en devenant détenteur
et détentrice d’une parcelle de l’autorité de
l’État.
Ce respect de l’éthique incluse dans la responsabilité
qui est la mienne face au peuple djiboutien, que je vous délègue
aujourd’hui et que j’exige de chacun de vous commandera en particulier
votre comportement et celui de vos collaborateurs.
Tout manquement à cette éthique entraînera votre démission
immédiate du Gouvernement.
C’est dans cet esprit que je vous demande de vous conformer aux instructions
suivantes :
1- Aucun membre de mon Gouvernement ne devra cumuler ses fonctions gouvernementales
avec d’autres activités publiques ou privées, directement
ou indirectement.
2- Aucun membre de mon Gouvernement ne profitera de ses responsabilités
pour promouvoir, aider ou soutenir des projets, à des fins particulières
ou personnelles.
3- Toute corruption, ou soupçon de corruption, tout abus de bien
public, toute forfaiture ou concussion, dont un membre de mon Gouvernement
ou ses collaborateurs seraient l’objet, entraîneront immédiatement
son départ et l’engagement des procédures judiciaires
en vigueur en République de Djibouti.
Madame et Messieurs les membres du Gouvernement, l’honneur qui m’échoit
aujourd’hui par la volonté de notre peuple, en étant
le Chef de l’État et que je partage avec vous, repose sur une
et une seule chose : la confiance.
La confiance pour renforcer la confiance des djiboutiens en eux-mêmes,
les uns envers les autres, et de tous dans le destin commun.
La confiance pour rétablir un véritable contrat de confiance
et de progrès entre les acteurs de la vie économique et sociale.
La confiance pour poursuivre avec détermination, sérénité
et équité, l’oeuvre d’assainissement, de normalisation,
de moralisation de la vie politique, économique et administrative.
La confiance pour promouvoir la culture du dialogue entre les acteurs économiques
et sociaux d’une part et les pouvoirs publics d’autre part afin
de créer un climat de concertation permanent.
La confiance pour favoriser par l’éducation et l’information,
la culture de la réforme, seule à même de permettre
un véritable ancrage de notre pays à la dynamique de développement
mondial.
La confiance pour un État de droit fort.
La confiance pour un État garant et non gérant de l’économie.
La confiance pour un État facilitateur et valorisateur de l’initiative
privée et collective.
La confiance pour un État compétitif et concurrentiel à
travers ses lois, sa fiscalité, son administration, des collectivités
locales, ses prestations de services.
La confiance pour un État soumis périodiquement à un
audit au niveau de ses tâches afin de modifier, réformer, privatiser,
concéder, liquider tout ce qui handicape sa compétitivité.
La confiance pour favoriser l'émergence d'une nouvelle génération
de décideurs.
La confiance pour faire confiance aux jeunes afin de leur permettre d'assumer
leur propre avenir individuel et collectif.
La confiance pour faire prévaloir le respect de la règle de
mérite par la compétence dans l'accès aux fonctions
de responsabilités publiques et privées.
La confiance pour une économie au service du citoyen.
Enfin, Madame et Messieurs,
La confiance pour une culture démocratique qui allie MEMOIRE et AVENIR.
Tels sont mes attentes de votre collaboration pour me permettre d'assumer le projet de société que j'ai humblement proposé à notre peuple et j'ambitionne de mettre en oeuvre avec dévouement, par la volonté du tout Puissant, avec l'adhésion du peuple djiboutien et le soutien de notre Parlement.
Je vous remercie.
Le Président de la République,
chef du Gouvernement
ISMAÏL OMAR GUELLEH